La traite négrière européenne à partir de la nouvelle de Prosper Mérimée : Tamango

#haut<-]Le nouvelliste et grand voyageur Mérimée dans sa [nouvelle Tamango s’est intéressé à la traite négrière. Sa description du naufrage du négrier rappelle celui du Radeau de la Méduse de Théodore Géricault. Ecrivains et artistes ont toujours participé par leurs oeuvres à l’abolition de la traite et de l’esclavage.

PROSPER MERIMEE : NOUVELLISTE ET GRAND VOYAGEUR

Il a été un haut fonctionnaire, membre de l’Académie française, commandeur de la Légion d’honneur, et grand voyageur. Il a visité la Corse à une époque où tous ignorent l’île de Beauté, mais également Séville, Athènes ou Constantinople. Prosper Mérimée prend également le temps d’écrire quelques nouvelles qui resteront parmi les plus importantes de la littérature française : Tamango (1829), Mateo Falcone (1829), La Vénus d’Ille (1837), Colomba (1840), Carmen (1845), Le Théâtre de Clara Gazul (1825), recueil de dix pièces et saynètes, peignant une Espagne colorée et fantaisiste qu’il n’a encore jamais vue.
Il n’était pas prédestiné à se pencher sur le sort des esclaves noirs puis il a rencontré Frances Wright (1795-1852), fervente abolitionniste, auteur d’un projet déposé devant le Congrès américain pour l’abolition graduelle de l’esclavage aux Etats-Unis, et a lu dans la presse la capture du Vigilant, navire négrier transportant trois cent onze Noirs vivant dans des conditions pitoyables. Cette rencontre et cette lecture ont sensibilisé Mérimée à un problème qui avait déjà préoccupé les philosophes du XVIIIe siècle.

Malia Alikifaitunu (TBE3)
Anne-Marie DELPOUVE (TBP3)

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LA NOUVELLE : TAMANGO

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Les protagonistes de la nouvelle

“Le capitaine Ledoux était un bon marin. […] Quand la traite des nègres fut défendue et que, pour s’y livrer, il fallut non seulement tromper la vigilance des douaniers français, ce qui n’était pas très difficile, mais encore, et c’était le plus hasardeux, échapper aux croiseurs anglais, le capitaine Ledoux devint un homme précieux pour les trafiquants de bois d’ébène.[…]
Le capitaine Ledoux se fit descendre sur le rivage et fit sa visite à Tamango. Il se trouva dans une case en paille qu’on lui avait élevée à la hâte, accompagné de ses deux femmes et de quelques sous-marchands et conducteurs d’esclaves. Tamango s’était paré pour recevoir le capitaine blanc.[…]
On s’assit, et un matelot qui savait un peu la langue wolofe [[ les wolofs (ou Oualofs ) sont une ethnie du Sénégal et de la Gambie, et parlent une langue d’origine nigéro-congolaise.]] servit d’interprète. […] Le présent accepté avec la connaissance convenable, on sortit da la case, on s’assit à l’ombre en face des bouteilles d’eau-de-vie, et Tamango donna le signal de faire venir les esclaves qu’il avait à vendre.” Tamango de Prosper Mérimée

La traite négrière européenne ou coloniale était organisée par les États européens (entre les 16ième et 19ième siècles pour fournir à leurs colonies des Amérique et de l’océan Indien une main d’oeuvre gratuite. Cette traite leur permettait d’étendre leur prestige et leur pouvoir sur leur population. Ainsi le roi du Dahomey fut le principal fournisseur d’esclaves des comptoirs européens.
En 1814, la Grande Bretagne qui a aboli la traite des Noirs depuis 1805, convainc les autres États européens à imiter sa politique, la traite européenne est donc abolie mais elle se poursuit illégalement jusqu’en 1860.
La nouvelle TAMANGO de Prosper Mérimée se passe pendant cette période illégale.

Lenka Eurimindia (TBP 3)


LE NAVIRE NEGRIER – SA CONSTRUCTION ET LA VIE A BORD

« A son bord, les menottes et les chaînes, dont les bâtiments négriers ont provision, étaient fabriquées d’après un système nouveau, et soigneusement vernies pour les préserver de la rouille. Mais ce qui lui fit le plus d’honneur parmi les marchands d’esclaves, ce fut la construction, qu’il dirigea lui-même, d’un brick destiné à la traite, fin voilier, étroit, long comme un bâtiment de guerre, et cependant capable de contenir un très grand nombre de Noirs. Il le nomma l’Espérance. Il voulut que les entreponts, étroits, rentrés, eussent que trois pieds quatre pouces de haut, prétendant que cette dimension permettait aux esclaves de taille raisonnable d’être commodément assis ; et quel besoin ont-ils de se lever ? ». Tamango de Prosper Mérimée

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Bateau négrier
Schéma d'un bateau négrier
Schéma d’un navire négrier
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Esclaves africains contraints à danser sur le pont négrier

Les navires étaient souvent équipés d’un filet permettant de repêcher les esclaves qui s’étaient jetés à la mer pour échapper à leur condition

Mike Paraue, Charles Tagatamanogi (TBE3)

« Afin que sa cargaison humaine souffrît le moins possible de fatigues de la traversée, il avait l’intention de faire monter tous les jours ses esclaves sur le pont. Tour à tour un tiers de ces malheureux avait une heure pour faire sa provision d’air de toute la journée. Une partie de l’équipage les surveillait armée jusqu’aux dents, de peur de révolte ; d’ailleurs on avait soin de ne jamais leur ôter entièrement leurs fers. Quelquefois un matelot qui savait jouer du violon les régalait d’un concert. Il était alors curieux de voir toutes ces figures noires se tourner vers le musicien, perdre par degrés leur expression de désespoir stupide, rire d’un gros rire et battre des mains quand leurs chaînes le leur permettaient.
– L’exercice est nécessaire à la santé ; aussi l’une des salutaires pratiques du capitaine Ledoux, c’était de faire souvent danser ses esclaves, comme on fait piaffer des chevaux embarqués pour une longue traversée.» Tamango de Prosper Mérimée

traversee-pont.jpgQuand le temps le permettait, vers 8 heures, on faisait monter les esclaves sur le pont pour une toilette par aspersion d’eau de mer. Deux fois par semaine, on passait les corps à l’huile de palme pour adoucir la peau. Pendant ce temps, l’entrepont était nettoyé des déjections [[Les déjections : les excréments.]]. Vers 9 heures, il y avait un repas à base de bouillie de légumes secs. L’après-midi, on imposait aux esclaves enchaînés des danses, censées protéger du scorbut. [[Le scorbut : maladie due à l’absence de vitamine C, caractérisée par des hémorragies, la chute des dents et un affaiblissement général et progressif.]]. Les conditions de transport provoquaient une très forte mortalité (30% au début de la traite, 15% pendant la période illégale).

Jeanne Masei et Lusia Takaniua (TBE3)


Les parties négociantes, ce qui est négocié, les prix négociés

« Tamango donna le signal de faire venir les esclaves qu’il avait à vendre[…] Ils parurent sur une longue file, le dos courbé par la fatigue et la frayeur, chacun ayant le cou pris dans une fourche longue de plus de six pieds, dont les deux pointes étaient réunis vers la nuque par une barre de bois ». Tamango de Prosper Mérimée

“De mauvaises cotonnades, de la poudre, des pierres à feu, trois barriques d’eau -de-vie, cinquante fusils mal raccommodés furent donnés en échange de cent soixante esclaves”. Tamango de Prosper Mérimée

Les marchandises échangées contre les esclaves se composaient en majorité de tissus de bonne qualité et de fusils. La place des « pacotilles » ou marchandise de qualité médiocre était quasi nulle. En 1717, par exemple, les Anglais offraient 25 fusils pour un esclave mâle.

Vaiana Vikena (TBE3)


Le commerce triangulaireLES DESTINATIONS DU NÉGRIER

« L’espérance partit de Nantes un vendredi, comme le remarquèrent depuis des gens superstitieux. […] Sa traversée fut heureuse et rapide jusqu’à la côte d’Afrique. […] Voilà un gaillard que je vendrais au moins mille écus rendu sain et sans avaries à la Martinique ». Tamango de Prosper Mérimée

La traite européenne a fonctionné suivant le système du commerce triangulaire : les Européens achetaient des esclaves noirs en Afrique noire (côte occidentale), revendaient les esclaves aux Antilles ou en Amérique contre des productions coloniales (café, sucre, tabac, coton) qu’ils revendent enfin aux Européens à leur retour dans les ports européens.


LE COMMERCE TRIANGULAIRE
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Le trafic des ports négriers européens

Nantes était la plus grande ville négrière française pendant la période illégale avec l’expédition de 305 navires soit 42% des 717 navires répertoriés par l’historien Serge Daget.

Lorie Mau Youk Lan, Evelyne Masei (TBE3)


LES RÉVOLTES MENÉES A BORD DES NÉGRIERS, LES NAUFRAGÉS

«De toutes parts un cri de guerre s’élève. Le contremaître, qui avait la clef des fers, succombe un des premiers. Alors une foule de Noirs inonde le tillac.»[[Le pont supérieur du bateau]] […] Lorsque le cadavre du dernier Blanc, déchiqueté et coupé par morceaux eut été jeté à la mer, les Noirs, rassasiés de vengeance, levèrent les yeux vers les voiles du navire qui, toujours enflées par un vent frais, semblaient obéir encore à leurs oppresseurs et mener les vainqueurs, malgré leur triomphe dans la terre de l’esclavage. » Tamango de Prosper Mérimée

Ces révoltes au cours du voyage se distinguaient par une violence particulière car ni l’équipage du navire ni les esclaves ne pouvaient attendre de secours de nulle part. Les deux parties combattaient pour sauver leur vie. Une fois la révolte matée, les négriers châtiaient les esclaves avec cruauté. Les Africains après avoir pris le bateau mais ne sachant pas le gouverner mourraient de faim et de soif, faisaient naufrage sur les récifs. Des marins ont rapporté qu’ils avaient rencontré des navires à bord desquels l’équipage européen gisait, mort, et les esclaves étaient dans un état de complet d’épuisement, à moitié vivants.

Vaina Vikenau (TBE3)

«Pourquoi fatiguerais-je le lecteur par la description dégoutante des tortures de la faim ? Vingt personnes environ sur un espace étroit, tantôt ballotées par une mer orageuses tantôt brûlées par un soleil ardent, se disputent tous les jours les faibles restes de leurs provisions. Chaque morceau de biscuit coûte un combat, et le faible meurt, non parce que le fort le tue, mais parce qu’il le laisse mourir. Au bout de quelques jours, il ne resta plus de vivant à bord du brick l’Espérance que Tamango et Ayché». Tamango de Prosper Mérimée

Cette «description dégoutante des tortures de a faim », Théodore Géricault, en 1819, ne la montra pas non plus dans sa toile la plus célèbre « le Radeau de le Méduse».

Marie-Marc VAKOUME et Marie WAWINE (TBE3)

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LE RADEAU DE LA MEDUSE de THEODORE GERICAULT

Le peintre s’était inspiré d’un événement très médiatisé à l’époque : un naufrage de 13 jours marqués par des noyades, des mutineries, la faim et la soif et des pratiques cannibales.

L’événement : le naufrage de la Méduse

Carte du radeau de la méduse
Carte du radeau de la méduse
En juin 1816, sous Louis XVIII, la Méduse, avec 3 autres navires, a pour mission de reprendre possession du Sénégal. Les navires transportent des colons, fonctionnaires, militaires, scientifiques et de grandes quantités de matériel. La Méduse et L’Écho devancent les deux autres navires.

LE RADEAU DE LA MEDUSE de THEODORE GERICAULT

Au cours de la nuit du 1er au 2 juillet, la Méduse s’approche de la côte. Le capitaine confie la barre à un homme qui se dit navigateur. Ce dernier ne se rend pas compte que le fond est insuffisant et la Méduse s’échoue dans la zone du Banc d’Arguin.

Il faut donc alléger le bâtiment. On construit un radeau pour y entreposer les objets lourds. La Méduse flotte de nouveau le 4 juillet. Mais la mer est agitée, le gouvernail cède, l’eau pénètre dans le bateau et la Méduse doit être évacuée. Il n’y a pas assez de chaloupes pour les naufragés et 150 personnes prennent place sur le radeau remorqué par les canots de sauvetage. Mais l’amarre se rompt et le radeau de la Méduse part à la dérive.

Sur les 150 naufragés du radeau, 15 furent sauvés par un des quatre navires du convoi, l’Argus le 7 juillet.

Isabelle Videault, Julie Pinsat (TBE3)


Le tableau : le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault

Géricault a choisi de peindre le moment proche du dénouement : le 17 juillet, les 15 survivants voient apparaître à l’horizon l’Argus. Il n’y a pas représenté les violences subies par les naufragés : les noyades, les mutineries, la faim et la soif et des pratiques cannibales qui ont médiatisé l’événement à l’époque.

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Théodore Géricault, le Radeau de la Méduse, 1819. Huile sur toile, 493,4 * 725,8 cm. Département des peintures, musée du Louvre, Paris.
Le tableau repose sur deux figures pyramidales ; la première à gauche avec le mât et les voiles, la 2ème à droite avec les survivants.
Ces deux figures pyramidales s’opposent : celle de gauche constitue la partie la plus sombre du tableau, elle souligne le déchaînement de la mer et la présence de la mort ; celle de droite est la plus éclairée, les survivants représentés sont tournés vers l’horizon (sauf un) d’où jaillit la lumière et l’espoir avec la présence de l’Argus ; le haut de cette 2ème pyramide est occupé par un homme noir agitant un chiffon rouge, il symbolise l’espoir
Au premier plan on voit 4 cadavres et un homme assis, songeur et d’un
bras enlaçant un corps.

Héléna PAUVALE, Paula VALAO (TBE3)


LES TRAITES NEGRIERES

L’esclave est « objet » pour le capitaine Ledoux dans Tamango, un « bien meuble » dans le Code noir de 1685 de Colbert, ministre des finances de Louis XIV.

L’esclavage a toujours existé dans l’histoire de l’humanité. La première mention de l’esclavage remonte à 2600 avant J.C en Mésopotamie. Aujourd’hui on parle d’esclavage moderne pour décrire les conditions de travail terribles des enfants, des femmes et des hommes dans certains pays.

La traite noire est l’enlèvement ou le trafic des Africains en vue d’effectuer un commerce.

On distingue 3 traites négrières :

– la traite arabo-musulmane du XIIe au XIXe siècle pratiquée par les Arabes à travers le Sahara et sur les côtes de l’Afrique orientale et le Proche-Orient ; environ 7 à 12 millions de personnes ont été concernées par cette traite ; les chercheurs ont du mal à s’accorder sur la comptabilité de cette traite qui fournissait une main-d’œuvre servile majoritairement féminine car à vocation domestique et sexuelle,

– la traite intérieure africaine depuis le VIe siècle ; de grands royaumes africains faisaient de nombreux esclaves lors de guerres incessantes, cette traite répondait aux besoins locaux en domestiques, porteurs et travailleurs agricoles ; l’absence de sources écrites empêche de quantifier exactement cette traite,

la traite européenne de l’Atlantique Nord, entre le XVIe et le XXe siècles, qui a fonctionné suivant le système du commerce triangulaire est la plus massive sur un temps plus court : 12 à 13 millions d’Africains ont été transférés pour la plupart d’entre eux sur le continent américain et aux Antilles dont les descendants forment aujourd’hui une composante importante, voire majoritaire aux Antilles ; les chiffres de cette traite sont établis à partir des registres des ports négriers d’Europe occidentale.

Les chiffres de la traite européenne
1519-1675 1676-1800 1801-1867
Portugal 700 2100 2300
Angleterre 145 2600 300
Hollande 125 500 10
France 20 1300 280
Espagne 10 10 550
Autres pays ? 35 70
TOTAL 1000 6545 3510


Evelyne Masei, Lorie Mau Youk Lan (TBE3)

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L’ABOLITION DE LA TRAITE ET DE L’ESCLAVAGE

Le 4 février 1794, la France révolutionnaire abolit l’esclavage des Nègres dans toutes ses colonies et accorde la citoyenneté française à tous les hommes sans distinction de couleur. Mais le décret ne mentionne pas la traite. A l’île Bourbon (la Réunion) et à l’île de France (Maurice) le décret n’est pas appliqué.

Cette première abolition contrarie le commerce français. C’est pourquoi Bonaparte, devenu Premier Consul rétablit la traite et l’esclavage le 20 mai 1802.

L’Angleterre abolit la traite en 1807 et incita les autres pays européens à suivre sa politique. Napoléon, revenu au pouvoir pour cent jours, décréta la fin de la traite le 29 mars 1815, plus dans un geste politique à l’égard des Anglais que par humanité vis-à-vis des Noirs.

L’interdiction de la traite ne pouvait être complètement respectée tant que l’esclavage persistait. L’Angleterre montra la voie en l’abolissant en 1833, mais la France traîna encore des pieds pour la suivre. C’est Victor Schoelcher, sous-secrétaire d’Etat aux colonies de la Seconde République qui obtint le 27 avril 1848 la signature du décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises.


Lusia Takaniua et Jeanne Masei (TBE3)

Madia MEKENESE, Marie-Rose MOTUHI et Cécile TAHMUMU (TBP3)

Site à visiter Jeu ludo-éducatif

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